Sommaire
Est-ce si utopiste que de vouloir réussir sa vie professionnelle sans se cramer ?
Dans un monde professionnel où la performance semble souvent incompatible avec le bien-être, ces questions peuvent résonner avec force chez certains. Doit-on sacrifier notre équilibre personnel pour exceller au travail ?
Cette idée, bien qu’ancrée dans nos habitudes, mérite d’être remise en question au regard notamment des chiffres sur la santé mentale des Français.
📣 En effet selon le 13e baromètre « État de santé psychologique des salariés français » réalisé par Empreinte Humaine et OpinionWay publiée le 3 septembre 2024 :
- Près de 42 % des salariés se déclarent en détresse psychologique. Cette détresse est encore plus marquée dans les métiers exigeant une forte réactivité, comme ceux du chiffre.
- Près de 20 % des employés indiquent que leur environnement de travail nuit à leur bien-être.
💡 Et si au contraire, c’est en travaillant moins que nous pouvions réellement optimiser notre performance, notre satisfaction et notre santé ?
Personnellement, j’ai commencé à me poser cette question à une époque de ma vie où je sentais que je commençais à perdre le contrôle de celle-ci. Mon quotidien n’était alors qu’une succession d’alternances entre ma vie pro, que je vivais à 200 à l’heure parce que je pensais que je n’avais pas le choix et que les autres, à priori, y arrivaient… et ma vie perso, que j’essayais, tant bien que mal,d’assurer le week-end bien alors même que j’avais tout donné la semaine. Clairement, mon réservoir à énergie était dans le rouge. Je ne rêvais que d’une chose : appuyer sur le bouton PAUSE de TOUT le monde afin que je puisse me reposer sans CULPABILISER et sans crainte de ne pas réussir à raccrocher les wagons une fois ma pause terminée.
{{newsletter-component}}
Jusqu’où ira-t-on dans cette course au toujours plus ?
Le fast (voir hard) working, a longtemps été présenté comme une norme dans notre société moderne.
Deadline de plus en plus courtes, complexité des règlementations, turnover et hausse de l’absentéisme des équipes, exigences et impatiences des clients…. Dans une ère où nous sommes passés de l’urgence, au très urgent (TU), puis au très très urgent (TTU), il y a en effet de quoi devenir chèvre ou, au pire, de quoi se transformer en véritable machine.
Car le fast working peut avoir un effet néfaste sur notre productivité à plusieurs égards :
📍Sur la productivité : une étude de l’Université Stanford montre qu’au-delà de 50 heures de travail hebdomadaire, la productivité chute drastiquement.
📍Sur notre santé physique : 34 % des salariés rapportent des troubles musculosquelettiques directement liés à une surcharge de travail (Santé Publique France, 2021).
📍Sur notre santé mentale : le stress chronique touche aujourd’hui 7 employés sur 10 en France, selon une étude de l’IFOP (2022). Le burnout représente près de 20 % des arrêts maladie.
📍Sur l’avenir : l’Organisation Internationale du Travail (OIT) alerte sur les conséquences écologiques et humaines d’une culture du travail non durable.
Face à ce constat, je me suis interrogée sur les alternatives possibles. En tant que sophrologue et formatrice en prévention de la santé mentale des salariés et des étudiants, j’ai testé et adopté les principes du slow working, une philosophie qui remet en question notre relation au travail.
Les clichés autour du slow working
Le slow working…? comme si j’avais le temps !!! C’est souvent la première chose que j’entends.
❌ "C’est pour les paresseux !"
❌ "Impossible dans mon secteur !"
✅ "Ce n’est pas une question de lenteur, mais d’intelligence de travail."
Après les clichés, nous retrouvons également comme freins au slow working:
- le poids des habitudes,
- la peur de ne plus suivre le rythme et de se faire dépasser par la concurrence,
- ou tout simplement le manque de connaissances et de formations pour intégrer le slow working dans son organisation.
Le slow working : une philosophie inspirée du "slow"
Le mouvement "slow" est né dans les années 1980 avec la Slow Food par Carlo Petrini, journaliste, sociologue et critique gastronomique italien, en réaction contre la fast-food et la consommation rapide.
Depuis, il n’a cessé de croître et d’essaimer dans le monde entier. Très rapidement, les notions de sauvegarde de la biodiversité, de préservation de l’environnement et de juste rémunération des travailleurs sont devenues essentielles. Les adeptes de ce mouvement cherchent à redéfinir leurs priorités, en accordant plus d’importance à la qualité qu’à la quantité.
Cette philosophie s’applique aujourd’hui à de nombreux domaines : slow travel, slow fashion, slow cities, et bien sûr, slow working. La crise du covid ayant également accéléré une prise de conscience collective sur l’importance de la santé mentale et du mieux-être.
{{guide-component}}
Qu’est-ce que le slow working ?
Le slow working n’est pas synonyme de lenteur, mais de qualité et de choix. Il s’agit de travailler de manière consciente, réfléchie et alignée avec ses valeurs.
On pourrait d'ailleurs parler de smart working. Comment puis-je faire aussi bien voir mieux en moins de temps c'est-à-dire en utilisant mon énergie à bon escient ;)
Voici ses principes fondamentaux :
✅ Se connaître : redonnez du sens à ce vous faîtes et posez vous régulièrement la question “est ce que je suis aligné avec mes valeurs? “. Ce principe, bien qu’évident sur le papier, est loin d’être une réalité.
Car il sous-entend d’être en capacité de prendre quotidiennement un instant d’écoute de soi. Philippe Varin, ancien président du groupe PSA disait à son équipe de directeurs : « Si vous ne prenez pas 20 mn de RDV avec vous tous les jours, vous faites une faute professionnelle. » . Notre monde est un monde d’accélération qui fait que nous n'avons que très peu de temps de rien. Le plus dur étant justement de le créer, de lui faire une place dans notre agenda surchargé, que je compare souvent au jeu tétris.
🎯 Et vous, est-ce que vous prenez 20 mn de RDV avec vous chaque jour, 20 mn d’écoute de vos émotions, de vos besoins, de vos valeurs, préalable essentiel pour redonner du sens à vos actions, pour clarifier ce qui est important pour vous et pour vous donner l’envie d’aller de l’avant.
✅ Faites des choix en conscience afin de reprendre le contrôle sur vos actions, sur ce qui est vraiment essentiel pour vous et surtout pas sur ce qui est (ou semble) urgent. Cela vous aidera ensuite à y voir plus clair dans la gestion de vos priorités.
Pensez à l’impact de vos choix. Pourquoi ce choix là et pas un autre, en quoi est-il plus important que les autres ? Que se passe-t-il si je ne le fais pas ? Ou encore que se passe-t-il si je le “postpone” dans le temps ? Est ce que ça en change l’impact ?
Personnellement, ce qui m’aide c’est de me dire si je dis OUI à ça, à quoi dis-je non….? Car les journées ne feront toujours que 12h. Si je fais rentrer quelque chose, je sors quoi d’abord.
Cela me fait penser à un livre que j’avais beaucoup apprécié “La 25ème heure, les secrets de productivités ….. dans lequel 300 startupers chevronnés partagent leurs secrets. Dans ce livre, tous s’accordent à dire qu’il vaut mieux passer une minute à expliquer pourquoi on dit “NON”, qu’une heure à faire une tâche inutile ou peu essentielle.
Pour vous donner une idée, le fondateur d'une grosse startup a confié refuser environ 19 sollicitations sur 20 !!! .....Pour un seul oui, vous devrez donc dire NON plusieurs fois"....Cela est d’autant plus vrai qu’à mesure que vous évoluez dans votre carrière, le nombre de sollicitations à tendance à augmenter de manière exponentielle.
✅ Utilisez votre énergie à bon escient : privilégiez autant que possible le monotâche pour optimiser votre niveau de concentration et éviter de vous éparpiller.
Également, trouvez la juste proportion en chaque chose. Peut-être pouvez-vous tout simplement vous poser systématiquement la question suivante : comment je peux obtenir le même résultat (voir un meilleur résultat) en faisant plus simple ? Quelles sont les tâches répétitives que je peux automatiser?
Avis aux perfectionnistes….prévoir une heure de début sur une tâche c’est bien, mais prévoir une heure de fin c’est encore mieux. D’ailleurs, n’avez vous pas remarqué que moins vous avez de temps, plus vous êtes obligé d’aller à l’essentiel et donc efficace d’une certaine manière?
✅ Organisez votre agenda en fonction de votre chronotype : et non, l’avenir n’appartient pas qu’aux gens qui se lèvent tôt. Dans son ouvrage, “Slow business” (ou comment en finir avec le temps toxique au travail), son auteur, Pierre Moniz - Barreto , parle de chronobiologie et met en avant la nécessité d’organiser nos journées de travail en étant le plus en accord possible avec notre rythme naturel.
Dans le visuel suivant, chaque animal correspond à un chronotype différent. Lequel êtes-vous ? :)

🎯 Avez-vous identifié les moments dans la semaine où vous êtes le plus productif, , les moments où vous avez besoin de ralentir, ou au contraire accélérer ? Et si vous essayiez d’observer cela sur votre prochaine semaine afin de vous en servir ensuite pour organiser vos activités en fonction de vos pics d'énergie et de concentration. Cela peut avoir un impact considérable sur la qualité de votre travail et le temps que vous y consacrez.
✅ Bloquez dans votre agenda du temps pour les imprévus. Une journée sans imprévus ? C’est un peu comme une journée sans pluie et sans grisaille : ça arrive, mais c’est loin d’être notre quotidien. De quoi venir nous contrarier ou plus encore si notre emploi du temps est déjà bien surchargé.
Même si une des solutions peut être de revoir nos priorités du jour, une autre serait d’anticiper cela en prévoyant tous les jours du temps pour les imprévus.
Personnellement, je bloque dans mon agenda 30% du timing de ma journée à la gestion des imprévus. La plupart du temps, ce temps est utilisé. Rare sont les fois où ce n’est pas le cas. Et auquel cas, je m’avance sur mes autres priorités ;) Mine de rien, ce bloc “gestion des imprévus” dans l’agenda permet de limiter le stress lié à la gestion des imprévus.
✅ Faites régulièrement des pauses encore plus si vous vous sentez débordé ou tendu. Les neurosciences l’expliquent. Notre cerveau est un gros consommateur d'énergie 🔥 et il a besoin lui aussi de se RE-PO-SER afin de ne pas entrer en surchauffe, d’utiliser pleinement son potentiel créatif et cognitif (perception, mémoire, réflexion, analyse, synthèse). Ce n’est pas une machine.
J’aime à dire qu’en perdant quelques minutes de pause, vous allez gagner plusieurs demi-heures dans votre journée et vous ferez moins d'erreurs.
À vous de choisir, en fonction du besoin, le type de pause dont vous avez besoin (pause silencieuse et sans écran, petite marche dans les escaliers ou les couloirs pour aller dire bonjour aux collègues, cohérence cardiaque, méditation, micro sieste, balade dans le square du quartier…). Vous seul.e savez, ressentez ce dont vous avez besoin à l’instant T pour recharger les batteries.
🎯 Tout cela ne sont que des suggestions bien sûr et si je ne devais vous partager qu’un seul conseil, et vous en faites ce que vous voulez, prenez le temps de vous écouter et faites confiance à votre corps. C’est une excellente boussole pour vous aider à recharger les batteries et à repartir dans la bonne direction.
Le slow working n’est donc pas qu’une mode, et encore moins une incitation à faire plus lentement son travail et de manière moins efficace. L’’objectif est plutôt de se détacher de l’idée fausse que productivité rime avec rapidité, quantité et instantanéité et cela afin d’inventer une nouvelle façon de travailler, plus intelligente et plus vertueuse à bien des égards.
Il s’agit d’une révolution douce de nos modes de travail menant à un nouvel équilibre de vie pro/perso qui devient plus serein, plus propice à la prise de recul, à la créativité et à la durabilité. Un vrai regain de bonnes ondes, de bonne énergie, pour soi, mais aussi pour ses collègues et en dehors du travail.
📣 Envie d’aller plus loin?
Connaissez-vous la fresque qui parle de Santé mentale au travail ? En bref, il s'agit d'une action de sensibilisation que vous pouvez organiser dans votre entreprise pour :
📍permettre à vos collaborateurs de découvrir les ressources leur permettant d'𝐚𝐠𝐢𝐫 𝐞𝐧 𝐩𝐫𝐞́𝐯𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧
📍𝐥𝐢𝐛𝐞́𝐫𝐞𝐫 𝐥𝐚 𝐩𝐚𝐫𝐨𝐥𝐞 au sein de votre organisation / équipe, que la Fresque pour parler de la santé mentale au travail.
📍𝐝𝐞́𝐬𝐭𝐢𝐠𝐦𝐚𝐭𝐢𝐬𝐞𝐫 les personnes atteintes de troubles
Et si cette fresque pouvait être le 1er pas pour venir aborder le sujet de la santé mentale dans votre entreprise ? N’hésitez pas à me contacter pour organiser une fresque ou une formation dans votre entreprise.
Je vous souhaite à tous de trouver votre bon tempo ⏳
