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Selon le Baromètre de la formation et de l'emploi 2024, 21% des actifs sont en train de préparer une reconversion professionnelle 🔄
Certains le font par choix, d'autres par nécessité.
Véronique, elle, voulait redonner du sens à sa carrière.
Pour cette amoureuse des chiffres et de l'humain, la filière comptable s'est révélée être un choix naturel.
Mais comment passe-t-on de militaire à experte-comptable ? Elle nous raconte son parcours de reconversion atypique.
Moi, Véronique, 40 ans : comment j'ai quitté l'armée pour devenir experte-comptable
Je suis Véronique Pairault, j’ai 46 ans et après une longue carrière en tant que spécialiste des systèmes d’information au sein de l’armée de l’Air, j’ai repris mes études pour effectuer ma reconversion dans l’expertise comptable.
On me demande souvent comment ce choix s’est imposé à moi.
Cela peut surprendre, mais j’ai décidé de devenir expert-comptable après avoir regardé des vidéos Youtube, et notamment celles de Nicolas sur la chaîne des Geeks des Chiffres.
Après une carrière de plus de 20 ans en tant que militaire, j'ai voulu me reconvertir et quitter le milieu informatique pour un métier qui offre plus de défis mais qui soit aussi davantage orienté vers l’humain.
J'ai d'abord effectué un bilan de compétences, et il se trouve que je cochais pas mal de cases pour l’expertise comptable.
Pour être franche, avant de me lancer je ne savais pas trop ce qu’était un expert-comptable, ni en quoi consistaient ses missions ; j’ai vraiment tout découvert au cours de mes recherches.
J’ai toujours été attirée par la rigueur, les choses droites et franches, ainsi que l'exactitude des chiffres. Je vous laisse imaginer mes notes au lycée dans les matières littéraires.
De plus, j’aime profondément l’entrepreneuriat, la créativité et l’innovation (Schumpeter fait partie de mes idoles). Longtemps, j'ai rêvé de créer ma propre entreprise ; mais faute d'avoir une idée qui me fasse vibrer, j’ai décidé de m’occuper des entreprises des autres et d’accompagner leurs dirigeants.
Ce n'est pas la première fois que j'endosse mon habit d'étudiante : après avoir obtenu mon bac scientifique en 1998 (il y a donc bien longtemps 😏), j'ai fréquenté pendant 2 ans les bancs de la faculté de Droit à Strasbourg, puis j'ai effectué 1 année de médecine, avant de m'engager dans l'armée.
Mon aventure au sein de la Grande Muette a duré pendant près de 20 ans.
C'est en 2021 que je décide de sauter dans le bain de la reconversion professionnelle.
Cette année-là, je passe le BTS Comptabilité et Gestion (CG) ainsi que quelques UE du DCG en candidat libre. Il faudra ensuite attendre juin 2024 pour que j'obtienne le DCG.
Aujourd’hui je m'apprête à passer 4 UE du DSCG en octobre. Et je suis plus motivée que jamais 💪
Redevenir étudiante, un défi à surmonter
Même si j’ai toujours aimé apprendre, ce serait mentir de dire que c’est facile 😓
Pour simplifier ma reprise d'études, j'ai épluché les méthodes pour « apprendre à apprendre », avec des techniques de mémorisation et de concentration, des conseils d'organisation, etc.
Mon maître mot est « discipline », et ça me réussit plutôt bien.
Et il faut bien l'avouer, quand on fait des études qui nous plaisent, c’est nettement moins difficile.
Il ne faut pas hésiter à se renseigner et à prendre contact avec des personnes qui sont passées par là (et elles sont nombreuses).
Une fois la décision prise, il faut se jeter dans le bain ! 💪
Quand on décide de quitter sa carrière pour recommencer de zéro (d’autant plus dans un domaine complètement opposé), il faut aussi se résoudre à voir ses revenus diminuer. Vous redevenez junior et le salaire s'en fait forcément sentir.
Heureusement, en France, nous avons la chance de bénéficier des contrats en alternance, ce qui m’a permis de reprendre mes études et d'apprendre un nouveau métier tout en étant salariée d'une entreprise. Et vu que j'avais plus de 26 ans, mon statut d'alternante me permettait même de toucher le SMIC.
Quant à ma vie de famille, elle n'a pas trop souffert de cette reconversion.
Mes enfants avaient 15 ans quand j’ai repris mes études et ils étaient déjà bien autonomes, ce qui a facilité les choses (même s’ils ne comprenaient pas pourquoi je m’entêtais à redevenir étudiante alors qu’eux n’avaient qu’une idée en tête : se dépêcher d’avoir leurs diplômes pour en être débarrassé).
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Entre militaire et experte-comptable, des compétences transversales
L’avantage d’être en reconversion, c’est qu'on démarre avec un certain nombre d’années d’expériences préliminaires 💡
La mienne, celle de militaire, est à mon sens un atout majeur pour devenir expert-comptable.
J’ai appris à maîtriser des compétences qui me semblent très importantes voire essentielles pour ce métier, à savoir :
- Le sens du collectif : dans l’armée c’est une compétence primordiale, l’individualisme n’y a pas sa place.
- L’adaptation : chaque mission est différente, que ce soit sa typologie, les gens qui nous accompagnent, la géographie des lieux sur laquelle se déroule la mission, le climat, etc.
- La résistance au stress : chaque évènement peut être majeur et il faut savoir désamorcer une crise. On apprend à gérer au mieux ce stress grâce à des techniques de relaxation éprouvées.
- La discipline : la motivation fonctionne tant qu’elle existe, mais quand elle n’est plus là on n’avance plus. Avec la discipline c’est différent, elle impose son rythme et ses obligations, il n’y a plus besoin de réfléchir, il suffit de se conformer à ses règles ; cela nous permet de gagner en efficience et en efficacité.
C’est pour ces raisons que je pense que les métiers de comptables et militaires ont beaucoup de similitudes : on y retrouve la même rigueur, des textes réglementaires encadrent notre profession, nos actions ont des conséquences pénales et administratives, on intervient dans le bon fonctionnement de notre pays, on vient en aide aux gens…
Les différences majeures seraient d’ordre organisationnelles.
Dans l’armée, on ne peut pas démissionner d’un poste pour en prendre un ailleurs, donc souvent on est contraint de rester dans des postes qui ne nous plaisent pas ou alors quitter complètement l’armée.
De plus, au sein de l’armée il n’y a pas de notion d’heures supplémentaires ni même de salaire : les militaires touchent une solde et non un salaire.
La hiérarchie y est aussi très présente, beaucoup moins en cabinet.
La reconversion professionnelle, une transition à la fois éprouvante et enrichissante
Je dois quand même avouer que ma reconversion professionnelle ne s’est pas faite sans douleur.
Quand on change de carrière, on a l’impression de recommencer de zéro et que nos compétences acquises ne sont pas valorisées.
C’est très frustrant d’être considérée comme une jeune étudiante sans aucune expérience quand vous êtes nouvelle dans le monde de la comptabilité. À ce niveau-là, cela dépend aussi fortement de l’intelligence situationnelle dont font preuve vos collègues : certains savent faire la part des choses, tandis que pour d’autres, c’est plus compliqué.
De plus, la pédagogie n'étant pas du tout adaptée à mon profil, j’aurai préféré un accompagnement plutôt qu’une position maître-élève.
Ha, et pour en revenir à ma vie professionnelle d’avant, on me demande parfois si j’ai souffert d’une certaine forme de sexisme dans l’armée.
Cette question m'amuse car contrairement à ce qu’on pourrait penser, je trouve qu’il y a plus de sexisme au sein des cabinets que dans l’armée.
D'abord, il n’y a pas de différence de rémunération en fonction du genre. Ensuite, nous avons tous un grade qui nous positionne dans la hiérarchie ; pas de madame ou monsieur, nous avons tous un uniforme réglementaire, donc pas de remarque sur notre tenue.
Néanmoins, une chose est similaire : au niveau des postes à responsabilités, la parité est absente dans les deux camps.
Malgré tout, j'encourage tous ceux qui hésitent encore à se lancer ! La filière comptable offre de belles opportunités.
Les études sont riches et pragmatiques, on ne s’y ennuie pas une seule seconde.
En outre, il existe différentes voies pour obtenir le diplôme : étudiant, alternant, candidat libre… À vous de choisir selon votre style d'apprentissage, vos contraintes familiales ou professionnelles et vos préférences personnelles !
Le plus difficile est de franchir le pas, et de garder ses objectifs en tête 💪
Quand j’ai commencé mes études, j’avais en ligne de mire le DEC.
Même si cet objectif me paraissait très lointain (un peu comme la lune, mais plus facile d’atteinte quand même), les années ont défilé et aujourd'hui je m'apprête à passer les premières UE du DSCG, alors que j’ai l’impression d’avoir commencé hier. J’aime toujours autant mon nouveau choix, voire plus !
L’armée me manque, c’est certain. On ne quitte pas une carrière aussi longue sans regarder en arrière.
Et il faut bien le dire, il y avait aussi pas mal d’avantages : le sport pendant les heures de travail, les départs en mission à l’autre bout du monde, le nombre de jours de congés…
Mais une chose est certaine : je n'ai jamais regretté la décision de me former à un nouveau métier.
Reconversion en comptabilité : nos conseils pour se lancer (et réussir !)
La reconversion professionnelle n'est pas un acte anodin.
Elle implique souvent de reprendre ses études, de se former à un nouveau métier et de recommencer sa carrière de zéro.
Pour éviter l'abandon, il faut donc être bien préparé.
Voici nos conseils pour réussir avec succès votre réorientation de carrière.
👉 Fixez-vous des objectifs SMART
L'acronyme S.M.A.R.T est conçu pour vous aider à vous fixer des objectifs concrets et réalisables :
S : Spécifique
M : Mesurable
A : Atteignable
R : Réaliste
T : Temporellement Défini
C'est un puissant levier de motivation, que vous devez garder à l'esprit pendant toute la durée de votre reconversion professionnelle, et surtout lors des moments difficiles (doutes, perte de motivation, fatigue mentale…).
Imaginons que vous voulez obtenir le DCG dans le but de vous reconvertir et devenir comptable. Voici à quoi pourraient ressembler vos objectifs SMART : « Passer au moins 3 UE par an pour obtenir le DCG en candidat libre d'ici 4 ans »
Spécifique : l'objectif est précis, vous voulez réussir les 13 unités transversales (UE) en candidat libre pour obtenir un diplôme spécifique (le DCG).
Mesurable : vous pouvez mesurer votre avancée selon vos réussites aux UE du DCG.
Atteignable : vous avez les ressources et le temps disponibles pour réviser 3 UE par an. L'objectif est donc à votre portée.
Réaliste : même si vous êtes capable de passer 4 UE la première année, vous devez aussi tenir sur la durée. Vous avez donc jugé plus réaliste de viser 3 UE par an.
Temporellement défini : vous visez 3 UE tous les 12 mois et le DCG en 4 ans.
👉 N'attendez pas indéfiniment pour vous lancer
Une fois que votre décision a été mûrement réfléchie, n'attendez pas le « moment parfait » pour vous changer de voie professionnelle.
Oui, la reconversion professionnelle est un grand saut dans le vide.
Vous allez changer de vie, parfois de manière radicale. Et cela ne se fait pas sans ressentir quelques secousses.
Un tel virage professionnel donne le vertige, et c'est normal.
Alors, pour retarder le moment où on se lance, on a parfois tendance à s'inventer des excuses : « J'attends de voir si mon boss me change de projet, cela me redonnera peut-être goût à mon travail » ; « J'ai de grosses dépenses cette année, je ne peux pas me permettre de reprendre les études maintenant » ; « J'attends 1 an de plus, pour voir comment je me sens » ; « Mes enfants ont besoin que je sois présent pour eux », etc.
Avoir peur, c'est normal.
Mais cela ne doit pas vous paralyser et vous faire regretter, à terme, de ne pas avoir réalisé votre rêve.
N'attendez donc pas que toutes les étoiles soient alignées pour entamer une reconversion professionnelle. Comme dirait une célèbre marque de vêtements de sport : « Just Do It »
👉 Les maîtres-mots : discipline et organisation
Non, vous ne devez pas être plus intelligent, plus riche ou plus motivé que votre voisin pour réussir votre reconversion professionnelle.
La clé de la réussite, c'est l'organisation et la discipline.
Ces deux mots peuvent vous emmener où vous le souhaitez ; à condition d'en faire un véritable style de vie.
📏 Organisation
La reconversion professionnelle est un défi exigeant. Il n'y a donc pas de place pour l'approximation.
L'organisation est la clé pour maximiser votre efficacité et ne pas perdre un temps précieux.
Voici quelques conseils organisationnels à adopter :
1 - Mettez en place un agenda et listez les tâches que vous devez effectuer chaque semaine. Des outils comme Trello ou Notion sont très utiles pour organiser efficacement votre to-do list.
Si vous avez du mal à prioriser vos tâches, la méthode ABCDE vous sera d'une grande aide : elle consiste à lister vos tâches par ordre d’importance de réalisation, en utilisant les lettres A, B, C, D et E (A étant réservé aux tâches les plus urgentes, tandis que E sont celles qui peuvent attendre).
Au moment d'organiser votre planning hebdomadaire, considérez la loi de Hofstadter : une tâche prend toujours plus de temps que prévu.
Aménagez-vous une marge d'erreur réaliste dans votre agenda, pour pouvoir finir ce que vous avez à faire même si sa durée de réalisation s'allonge.
2 - Apprenez efficacement
Avant de plonger dans les cours liés à votre formation, apprenez à apprendre.
Adoptez différentes techniques d'apprentissage pour être plus productif et augmenter vos chances de réussite.
Plusieurs méthodes ont déjà fait leurs preuves : les bonnes vieilles fiches de révision sont toujours aussi efficaces, la lecture rapide vous fera gagner un temps précieux, la méthode des J est d'une redoutable efficacité pour la mémorisation, le mind mapping (ou cartographie mentale) permet de structurer les idées en un coup d'œil, etc.
Le but ? Étudier avec intelligence afin de mettre à profit le peu de temps qu'on a à notre disposition quand on est en reconversion professionnelle.
Si vous avez des problèmes de concentration, adoptez la technique Pomodoro, qui découpe vos sessions de travail en "pomodoris", des périodes de travail intenses de 25 minutes entrecoupées de courtes pauses.
🫡 Discipline
Si l'organisation est un moteur 4 chevaux, la discipline est le carburant qui lui permet de continuer à fonctionner à plein régime.
Lorsqu'on débute une reconversion professionnelle ou un cursus de formation, on est d'abord très motivés.
Puis petit à petit, cette énergie des débuts s'essouffle, et c'est là qu'apparaissent les risques de démotivation et d'abandon.
Heureusement, la discipline permet d'éviter d'en arriver là.
Mais, c'est quoi la discipline ?
Ce sont des règles de conduite qu'on s'impose de manière mécanique et obligatoire.
La discipline repose avant tout sur la constance.
Si vous décidez de consacrer tous vos samedis matin à réviser pour réussir votre reconversion professionnelle, tenez-vous-y.
Ce qui signifie que même si vous êtes malade, que vous avez la flemme, que vous êtes en vacances, que vous n'avez pas internet, que vos amis ont prévu un brunch… vous serez quand même devant votre chaise tous les samedis pour réviser.
Et souvenez-vous : entre votre situation actuelle et le moment où vous aurez terminé votre reconversion professionnelle, il n'y a qu'un pas !
À vous de décider quand vous allez vous mettre en marche 👣
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