6 raisons de ne pas postuler dans ce cabinet comptable

Décrocher un job
7
min
Publié le
30/10/24

L'auteure de cet article

Sarah Torné
Sarah est journaliste B2B & RH, Content Strategist et Coach. Elle a rejoint le monde des chiffres pour aider les lecteurs du média Coonter à booster leur carrière et s'épanouir dans leur travail.

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Sommaire

Des charges de travail écrasantes aux cultures d'entreprise parfois toxiques, les défis ne manquent pas en cabinet d’expertise comptable.

Les professionnels du chiffre sont régulièrement confrontés à des environnements qui peuvent compromettre leur bien-être.

Alors, comment faire pour décrypter les signaux d'alerte avant de s'engager dans un poste qui pourrait vous nuire ?

Pour déchiffrer ce sujet, nous avons fait appel à deux experts du sujet : Guylaine Di Giorgio, Coach en Employabilité et créatrice du Kit de la recherche d’emploi et Emmanuel Joly, Coach Carrière & Emploi et auteur de « 6 étapes pour convaincre un recruteur en entretien ».

Ils nous offrent un guide pratique pour identifier les six  « red flags » les plus courants ❌


Signal 1 : la description du poste est vague ou non spécifique

Floue, générique, la lecture de la fiche de poste vous laisse perplexe. Il s’agit là peut-être d’un premier indice. « Quand on n’a qu’un titre de poste et une description lambda, c’est souvent mauvais signe. On envoie le message qu’on recrute, mais qu’on ne s’intéresse pas à la personne derrière le job. ». 

Lorsqu'un cabinet ne prend pas le temps de préciser les rôles et les responsabilités, cela peut indiquer un manque de clarté dans ses propres attentes ou même un signe avant-coureur de désorganisation interne.

Notez-le comme à un signal d'alarme discret, et lisez entre les lignes : « Attention, ici, on ne sait peut-être pas exactement ce que l'on veut de vous »

Cette imprécision peut se traduire par des attentes irréalistes ou un champ de responsabilités en constante évolution une fois que vous avez signé votre contrat.

Emmanuel Joly renchérit sur ce point : « Une des premières causes de démission en France, c’est l’inadéquation entre les missions sur le papier et dans les faits. »

Il nuance néanmoins le poids à donner à ce qu’on lit sur le poste : « L’offre d’emploi a peut-être été rédigée par un stagiaire, par l’IA, ou par quelqu’un de submergé. C’est un des signaux, mais ça ne fait pas tout. »

💡Conseil : lors de votre chasse aux postes, donnez la priorité à ceux dont les annonces sont détaillées et clairement définies. Recherchez des descriptions de poste qui non seulement énumèrent les tâches avec précision mais offrent également un aperçu de la vision de l'entreprise et de la culture de travail. Une bonne description reflète un engagement envers la transparence et la structure, deux éléments essentiels pour un environnement de travail où vous pouvez vraiment vous épanouir. 

Voici un exemple d’annonce peu exhaustive qui peut être de mauvais augure :

Une offre d'emploi austère et peu explicative

Voici, à l’inverse, un exemple d’annonce détaillée, qui précise le cadre des missions, le rattachement hiérarchique, le type de clientèle, le cadre horaire, le profil recherché, une fourchette salariale et les avantages : 

Une offre d'emploi claire et détaillée

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Signal 2 : on ne vous donne aucun détail sur la rémunération et les avantages

Le critère n°1 qui motive les candidats à rejoindre une entreprise est, encore et toujours, le salaire 💸

Mais que faire lorsque l’annonce joue à cache-cache avec ces informations ? Leur absence peut soulever des questions :

  • Sur le salaire, d’abord : il est possible que la marge de négociation salariale soit réduite ou, que la politique de rémunération soit inflexible - deux éléments susceptibles de limiter votre croissance financière à long terme au sein de l'entreprise.

  • Sur la culture du cabinet, ensuite : cela peut être révélateur d'un environnement de travail moins ouvert et équitable qu'il n'y paraît.

Guylaine Di Giorgio met en lumière cette problématique : « Les entreprises ont encore beaucoup de progrès à faire pour créer de bonnes annonces. Il faut annoncer le salaire, créer des fourchettes selon les expériences. Il faut surmonter le tabou. »

💡 Conseil : valorisez les cabinets qui ne se contentent pas de vous attirer avec des promesses de grands projets ou d'une belle ambiance de travail, mais qui mettent également en avant, a minima, une fourchette de salaire et des détails sur les avantages. Cela montre qu’il respecte et prend en considération ses employés, et probablement (sans pouvoir l’assurer) qu’il s’agit d'un lieu de travail où l'équité compte.

Signal 3 : le taux de turnover est élevé et il existe des avis négatifs en ligne

Pour Emmanuel Joly, rien de mieux pour s’assurer d’où on met les pieds que de mener l’enquête.

Un taux de turnover élevé dans un cabinet comptable n'est pas bon signe, et cela peut vous mettre la puce à l'oreille. 

Une bonne première étape est d’aller consulter des plateformes comme Glassdoor, Indeed ou Welcome To The Jungle pour jauger l'atmosphère interne 🌡️

Les avis laissés par les anciens employés, en particulier, fournissent des perspectives précieuses sur les vraies conditions de travail - au-delà des descriptions customisées par le marketing. 

Toutefois, les critiques en ligne doivent être prises avec précaution.

L’expert, conseille de toujours creuser plus profond : « Il y a une question d’actualité : vérifiez toujours de quand datent les avis. La direction peut avoir changé entre-temps, et avec elle, toute la dynamique de l'entreprise. ».  Les cabinets ne sont pas statiques et les politiques peuvent évoluer rapidement - pour le meilleur comme pour le pire.

Conseil : ne vous contentez pas de lire les critiques en ligne ; engagez des discussions avec d'anciens employés - via LinkedIn, notamment. Leur expérience directe et (plus ou moins) récente peut vous fournir des détails précieux que les critiques anonymes ne révèlent pas toujours. Voici comment Emmanuel Joly conseille de structurer votre approche :

  • Présentez-vous comme un candidat qui veut optimiser ses chances. Cette honnêteté crée un contexte de relation d’aide, ce qui incite souvent les gens à partager plus librement leurs expériences.

  • Parlez à au moins trois personnes pour avoir une vision équilibrée. Vous pouvez varier les profils : un employé actuel, un ancien employé, et, pourquoi pas, un retraité (ces derniers étant plus libres de partager des informations en toute franchise).

  • Soyez discret dans vos questions pour éviter de mettre vos interlocuteurs en porte-à-faux. 

  • Mentionnez à l’employeur que vous avez pris l'initiative de parler à des anciens de l'entreprise pour mieux comprendre l'organisation et affirmer votre motivation. 

Signal 4 : Vos questions sont mal accueillies

Lors d'un entretien d'embauche, l'échange doit être bilatéral et mené sur un pied d’égalité ; c'est une opportunité pour les deux parties de se jauger mutuellement ⚖️

Emmanuel Joly souligne l'importance de ce moment d'échange : « Poser des questions, c’est un moyen de remercier la relation. C'est comme en rendez-vous amoureux ; si l'autre personne ne pose pas de questions, on peut considérer qu'elle n'est pas vraiment intéressée. »

Voici, selon lui, quelques questions incontournables qui devraient faire partie de tout entretien :

  • Comment vais-je être accompagné dans mes tâches ?

  • Comment mes missions vont-elles évoluer ?

  • Avec quels logiciels comptables serai-je amené à travailler ? 

  • Avec qui vais-je interagir au quotidien ?

  • Comment seront réparties mes missions dans le temps ?

Les réponses que vous recevez peuvent non seulement vous éclairer sur votre potentiel rôle mais également sur l'attitude de l'entreprise envers ses employés. « Si vos questions suscitent des réactions négatives, comme des yeux levés au ciel, cela peut être un signal d'alerte important » - affirme le coach.

Cette attitude peut révéler une culture d'entreprise où la communication ouverte et l'engagement des employés ne sont pas valorisés

💡 Conseil : prêtez attention non seulement aux réponses fournies mais aussi à la manière dont elles sont communiquées. Un cabinet qui valorise vraiment ses employés sera ouvert et encourageant envers les candidats qui cherchent à comprendre pleinement leur rôle et l'environnement de travail. Si, à l’inverse, vos questions sont accueillies avec de l'irritation ou une réticence à répondre, cela pourrait indiquer un manque de soutien futur et une possible rigidité dans les relations internes.

Signal 5 : vous ne vous sentez pas considérés pendant le processus de recrutement

Le processus de recrutement est un prélude à ce que sera votre vie au sein du cabinet.

Si vous ressentez un manque de considération dès cette étape préliminaire, cela pourrait bien être un reflet de la culture d'entreprise dans son ensemble. « Si le cabinet n’est pas concerné pendant le processus, qu’on vous laisse en plan, qu’il n’y a pas de considération… C’est dommageable. Cela dénote que soit l’interlocuteur est déjà débordé, soit qu’il se passe quelque chose dans l’entreprise. », analyse Guylaine Di Giorgio. 

Un processus de recrutement mal géré peut révéler des problèmes sous-jacents : mauvaise organisation, manque de respect pour les salariés, environnement de travail chaotique… Ce sont des aspects qui pourraient affecter négativement votre expérience de travail quotidienne et votre engagement envers votre future entreprise.

Conseil : soyez attentif à la réactivité et au professionnalisme de votre interlocuteur durant le processus de recrutement. Comment vos emails sont-ils traités ? Les réponses sont-elles promptes et informatives ? Y a-t-il un suivi clair des étapes du processus de recrutement, ou êtes-vous souvent laissé dans l'incertitude concernant les prochaines étapes ? Ces détails peuvent vous donner des indices précieux sur la manière dont le cabinet gère non seulement ses potentiels nouveaux employés mais aussi ses opérations quotidiennes. 

Signal 6 : il y a un manque d’honnêteté sur les difficultés du poste

Travailler en cabinet d’expertise comptable requiert endurance, résilience et une bonne capacité à gérer le stress 🏋️

Les professionnels de la comptabilité sont souvent confrontés à des périodes de forte activité, surtout lors de la clôture des comptes ou des périodes fiscales.

Il est donc essentiel que les cabinets soient transparents sur l'intensité du travail afin que les candidats puissent évaluer s'ils sont prêts à relever ces défis au quotidien.

Si un cabinet d'expertise comptable reste flou sur les défis associés au poste, cela peut être un signal d'alarme.

Guylaine Di Giorgio articule bien cette nécessité : « Il faut que l’entreprise sache dire ce qui est difficile chez eux. Il y a des points que l’on peut améliorer, et d’autres non, car c’est le propre du métier. »

Cette franchise est essentielle, car elle permet aux candidats de s'engager en toute connaissance de cause, en sachant à quoi s'attendre et si cela correspond à leur résilience et à leur capacité de gestion du stress.

💡 Conseil : avant tout, il faut comprendre et évaluer vos propres besoins et limites. Déterminez en amont ce que vous pouvez raisonnablement gérer, tant en termes de volume de travail que de pression. Guylaine Di Giorgio souligne l'importance de cette démarche : « Cela passe par la connaissance de soi. Mettez des mots sur vos modes de fonctionnement. Il faut savoir ce dont vous avez besoin dans une entreprise qui vous convient. » Une fois cette autoévaluation réalisée, il est essentiel de confronter ces besoins à la réalité d’un métier et d’une entreprise. Vous pouvez notamment engager un dialogue lors des entretiens, en discutant clairement des attentes en matière de résilience au stress et du volume de travail. Il est aussi possible de vous renseigner au préalable en explorant des ressources en ligne qui dépeignent les conditions réelles d’un secteur, d’un métier ou d’une entreprise.

L’experte recommande deux plateformes très utiles :

  • MyJobGlasses, qui met en relation toute personne qui veut en savoir plus sur les réalités d’un métier avec un mentor. 
  • Maintenant J’aime Le Lundi, qui publie des articles du type « Vis ma vie », pour comprendre les vraies conditions des métiers.

Postuler à des annonces est une démarche, mais rechercher une véritable adéquation avec la culture d'une entreprise est ce qui fera la différence à long terme.

Cherchez à comprendre si les valeurs et les défis du cabinet résonnent avec vos aspirations et votre mode de vie. Une fois que vous avez discuté de ces aspects avec le cabinet, vous serez mieux équipé pour décider si cela « coche les cases » pour vous.

Comme la coach « ne tombez pas dans le piège de devenir un “serial postuleur”  » dans tous les cabinets sans discernement. Priorisez la qualité de l'alignement sur la quantité des candidatures.

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