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Florent Meyronnet, cofondateur chez Numbr, a passé plus de 10 ans à encadrer des équipes comptables 👥
Cette décennie d’expérience lui a permis de faire face à des évolutions majeures du métier : la montée en puissance des nouvelles technologies, l’automatisation de certaines tâches et l’émergence de nouveaux besoins chez les clients.
Mais au-delà des chiffres et des outils, c’est le management humain qui l’a particulièrement marqué.
Pour lui, les collaborateurs ne sont pas simplement des exécutants ; ce sont des talents en devenir qu’il faut accompagner pour les faire monter en responsabilité et leur permettre de s’épanouir dans un environnement de travail qui valorise la confiance et l’autonomie.
Florent nous a partagé les leçons qu’il a apprises au cours de ces années à travers une interview exclusive.
Il évoque, notamment, les compétences requises pour réussir dans ce métier, et parle aussi de l’importance de créer une culture d’équipe forte.
Alors, qu’est-ce que 10 ans d’encadrement d’équipes comptables lui ont appris ?
Voici les leçons les plus précieuses qu’il tire de son parcours ✨
Le secret du management : des équipes autonomes, soudées et responsables
Florent Meyronnet a passé une décennie à encadrer des équipes comptables, et une chose lui semble désormais évidente : pour qu’une équipe fonctionne bien, elle doit être à la fois autonome, soudée et responsabilisée.
Pour lui, un bon management ne consiste pas à contrôler chaque action des collaborateurs, mais plutôt à créer les conditions nécessaires pour qu’ils puissent s’épanouir, prendre des initiatives et travailler ensemble de manière fluide.
L’un des principes fondamentaux du management chez Florent est la taille des équipes.
Il est convaincu qu’une équipe trop grande peut entraîner des frictions et nuire à la communication entre les membres.
Pour éviter cela, il prône des équipes à taille humaine, composées d’un maximum de 15 personnes.
Cela permet à chacun de mieux se connaître, de favoriser les échanges et de renforcer la cohésion.
Cette approche basée sur des petites unités facilite également la gestion des conflits et la prise de décisions.
Avec une communication plus directe, les équipes gagnent en efficacité.
D’ailleurs, plusieurs études confirment le bien-fondé de cette stratégie managériale mise en place par Florent Meyronnet.
Au début du XXe siècle, un ingénieur français du nom de Maximilien Ringelmann a remarqué qu’à mesure que la taille d’un groupe de travail augmente, la productivité de chaque individu décroît.
Cette observation est aujourd’hui connue sous le nom d’« effet Ringelmann ».
La raison à cela ? Le social loafing.
Le social loafing, ou « paresse sociale », est la tendance qu’ont les individus à fournir des efforts plus ou moins importants selon la taille du groupe dont ils font partie.
De manière générale, plus il y a de membres dans le groupe, moins l’effort fourni est important.
Une autre observation a été faite en étudiant les comportements de groupe : l’efficacité d’une équipe dépend aussi de son niveau d’interactions entre chaque membre.
Travailler en équipe permet de faire fonctionner l’intelligence collective et améliore le rendement général grâce au partage d’informations.
En revanche, à partir de 5 membres dans une équipe, le nombre d’interactions sociales explose et cela annule les bénéfices mentionnés plus haut.
Bien que chaque chef d’équipe doive lui-même définir le « nombre parfait » de membres dans une équipe, les spécialistes sont unanimes : en management, less is more !
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Le bien-être des travailleurs est à lui seul un indicateur de la performance de l’entreprise
Florent Meyronnet l’affirme avec conviction : le bien-être des collaborateurs ne doit pas être considéré comme un simple à-côté 🧘♂️💼
Pour lui, c’est au contraire l’un des indicateurs clés de la performance d’une entreprise.
Un collaborateur épanoui, qui se sent bien dans son environnement de travail, est plus productif et contribue à améliorer la qualité des services et, par extension, à la satisfaction des clients.
« Par défaut, on considère que les gens ont envie de travailler. Donc on leur fait confiance et on leur confie des responsabilités. On les fait monter en compétences pour les aider à gagner en autonomie. »
Florent explique que les collaborateurs passent une grande partie de leur temps ensemble, parfois plus qu’avec leur propre famille.
C’est pourquoi il est essentiel de créer un cadre de travail agréable, où chacun peut se sentir à l’aise, en sécurité et écouté.
« On passe plus de temps au bureau qu’en famille. Il est important de se sentir bien au travail. Pour ce faire, il faut avoir confiance en ses collègues, se sentir en sécurité pour travailler et que les collaborateurs s’épanouissent, qu’ils trouvent du sens dans ce qu’ils font. »
Un collaborateur qui se sent bien dans son équipe est plus enclin à prendre des initiatives, à se montrer créatif et à collaborer de manière efficace avec ses collègues.
Ce bien-être se traduit par une meilleure ambiance de travail, moins de tensions, et une cohésion d’équipe renforcée.
D’ailleurs, Florent mesure la réussite de son management à travers un triptyque d’indicateurs clés de performance (KPI) : collaborateurs satisfaits, clients satisfaits, et rentabilité de l’entreprise.
Pour lui, un collaborateur qui se sent écouté et valorisé est plus productif et plus engagé.
Or, un collaborateur épanoui est un meilleur conseiller pour ses clients, ce qui conduit naturellement à une plus grande satisfaction client, et à terme, plus de rentabilité pour l’entreprise.
« Chez nous, on mesure donc la satisfaction des collaborateurs pour améliorer la rentabilité de l’entreprise et la satisfaction des clients. »
L’intelligence artificielle est un excellent outil pour produire plus vite et permettre aux collaborateurs d’avoir plus de responsabilités
L’une des principales transformations auxquelles Florent Meyronnet a été confronté au cours de ses 10 ans d’encadrement est l’introduction de l’intelligence artificielle (IA) dans le quotidien des cabinets comptables 🤖
Bien que cette technologie suscite des craintes chez certains professionnels, Florent voit l’IA comme une opportunité, non seulement pour améliorer la productivité, mais surtout pour permettre aux collaborateurs de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.
En effet, Florent explique que l’IA a profondément changé la manière dont les équipes comptables abordent leur travail.
Là où, auparavant, une grande partie de leurs journées étaient consacrées à des tâches répétitives (comme la saisie comptable), l’automatisation a permis de libérer ce temps.
Désormais, ces heures gagnées peuvent être allouées à des missions plus complexes :
- Analyse ;
- Conseil ;
- Relation client ;
- Etc.
« Nous travaillons avec des outils d’IA, mais ce ne sont pas ces outils qui vont nous aider à manager les équipes ou à nous donner des insights pour manager. En revanche, ils nous aident à produire plus vite et plus juste. Cela nous permet de remettre de la valeur ajoutée dans le métier. »
Finalement, plutôt que de perdre deux heures à saisir des données, un collaborateur peut désormais se concentrer sur l’analyse comptable.
Ce changement de processus favorise la montée en compétence des collaborateurs, qui sont exposés plus tôt à des tâches complexes, et qui progressent rapidement vers plus de responsabilités.
« Les jeunes comptables qui sont avec nous passent beaucoup plus de temps sur des dossiers où il y a besoin d’une réelle valeur ajoutée. Ils ne font d’ailleurs plus de saisie. L’IA leur permet donc de voir plus de cas intéressants. De fait, ils progressent plus vite et il est plus facile de les faire monter en responsabilités. »
Le comptable de demain ne travaille pas seul, il devient un conseiller pour les entreprises
Le métier de comptable a longtemps été associé à la saisie de données et à la vérification de documents financiers, seul dans un bureau.
Toutefois, cette vision est aujourd’hui largement dépassée.
Florent Meyronnet insiste sur un point : le comptable ne travaille plus seul derrière son écran.
Il est aujourd’hui un véritable conseiller pour les entreprises 📈
Avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle et des outils automatisés, le rôle du comptable a évolué vers une mission à plus forte valeur ajoutée, centrée sur l’accompagnement personnalisé des clients.
Grâce aux technologies qui existent, les comptables peuvent se concentrer sur l’analyse et l’interprétation des données à transmettre à leurs clients.
Ce changement dans les méthodes de travail signifie que les comptables, notamment les plus jeunes, sont désormais formés non seulement à la technique comptable, mais aussi à des compétences relationnelles et de conseil.
Chez Numbr, par exemple, le parcours de développement des collaborateurs est structuré de manière à leur permettre de progresser rapidement.
Lorsqu’ils débutent, les jeunes comptables se familiarisent avec les bases techniques du métier :
- la révision des comptes ;
- le suivi des échéances ;
- la préparation des déclarations fiscales, etc.
Ce socle technique est indispensable pour comprendre le fonctionnement des entreprises.
Puis les jeunes comptables évoluent vers des missions de conseil.
À mesure qu’ils acquièrent de l’expérience, ils sont formés à intervenir directement auprès des clients pour répondre à leurs questions, les conseiller sur la gestion de leur entreprise et les aider à prendre des décisions adaptées.
Selon Florent, le comptable de demain est avant tout un conseiller.
Cette mission prend tout son sens lorsque le professionnel est capable de traduire des données financières complexes en recommandations claires et compréhensibles pour ses clients.
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L’IA n’élimine pas les comptables, elle les aide à devenir meilleurs
Florent Meyronnet tient à rappeler que l’intelligence artificielle, bien que extrêmement performante, ne remplacera jamais l’aspect humain de la relation client.
Gartner estime d’ailleurs que moins de 10% des fonctions financières peuvent à terme être impactés par ces technologies.
« Dans notre métier, nous considérons que notre valeur ajoutée est de rendre intelligible les choses compliquées pour la retranscription client. Or, les IA ne peuvent pas encore faire ça. Finalement, aujourd’hui, l’IA nous permet uniquement de faire des gains de productivité. En matière de relation client, à ce jour, il reste encore beaucoup de choses à faire. »
Si l’automatisation permet d’optimiser les processus internes, le comptable conserve un rôle irremplaçable dans l’accompagnement des dirigeants d’entreprise.
C’est ce contact humain qui permet de rendre les conseils intelligibles et applicables par les entrepreneurs qui ne maîtrisent pas toujours les subtilités comptables.
Bien que l’intelligence artificielle puisse accomplir certaines tâches analytiques, elle n’a pas la capacité de fournir des conseils stratégiques personnalisés de manière aussi fluide (et humaine) que les comptables en poste.
C’est là que réside la véritable valeur ajoutée des comptables : savoir créer un lien avec les entrepreneurs, comprendre les difficultés auxquelles ils font face, et leur proposer des solutions concrètes pour améliorer leur gestion financière.
« Il est admis que sur le long terme, la rémunération en EURL est plus avantageuse. En revanche, la protection sociale du gérant de l'EURL comparée à celle du président de SASU est moins bonne. ... lui conseiller d'avoir une EURL (ce que ferait potentiellement une IA), oui c'est juste pour maximiser la rémunération. Mais c'est un mauvais conseil par rapport à sa situation actuelle »
Le métier de comptable ne va pas disparaître, mais il va évoluer
Avec l’adoption progressive de l’intelligence artificielle et des solutions d’automatisation, une question légitime se pose au sein de la profession comptable : l’avenir des comptables est-il menacé ?
Florent Meyronnet se montre très clair sur ce sujet : le métier de comptable ne disparaîtra pas, mais il évoluera.
Il s’agit moins d’une extinction de la profession que d’une transformation de ses missions et de ses responsabilités.
Si l’IA est capable d’automatiser de nombreuses tâches répétitives, comme la saisie comptable, elle ne peut pas remplacer l’intelligence humaine, surtout dans des domaines qui nécessitent un jugement, une expertise et une compréhension fine des contextes économiques et stratégiques des entreprises.
Selon Florent, c’est précisément là que réside la véritable valeur ajoutée du comptable : dans sa capacité à analyser des situations complexes, à conseiller les entreprises et à accompagner les dirigeants dans leurs prises de décisions.
« L’IA est en train d’élever le niveau des comptables. Il fait également évoluer la relation client. Réaliser des gains de productivité grâce à l’IA ne signifie pas avoir moins besoin de comptables. L’entrepreneur aura toujours besoin d’être conseillé par des professionnels. »
L’IA peut certes optimiser certains processus, mais elle n’a pas la capacité d’établir une relation de confiance avec un client, de comprendre les spécificités d’un secteur d’activité, ou encore de proposer des solutions adaptées aux enjeux propres à chaque entreprise.
Le comptable reste donc indispensable dans ces missions, et son rôle évolue vers un accompagnement plus stratégique, là où l’intelligence artificielle atteint ses limites.
Florent souligne que l’une des grandes évolutions du métier réside dans le passage d’un rôle technique à un rôle plus axé sur le conseil.
Les comptables de demain ne seront plus uniquement des experts en saisie et en révision des comptes, mais des partenaires stratégiques pour les entreprises.
En 10 ans d’encadrement d’équipes comptables, Florent Meyronnet a vu le métier évoluer de manière rapide.
L’introduction de l’intelligence artificielle et des outils d’automatisation a permis de transformer des tâches techniques en opportunités de conseil à forte valeur ajoutée, ce qui redéfinit le rôle des comptables.
Cependant, malgré ces bouleversements technologiques, une chose demeure inchangée : l’importance de l’humain dans la profession.